mardi 2 mars 2010

Kévin et le Cerbère

C'est fou les dimensions que peuvent prendre les choses quand on est un enfant. Une petite araignée, c'est une Chimère pour nous, une simple poule devient une Harpie et un gros chien... Il y'avait dans ce village la petite Charlotte, qui était plus qu'une chienne, un humain miniature; le collet des voisins (je ne sais plus son nom), qu'on pouvait taquiner, tirer sur ses oreilles, il ne disait jamais rien, souriait à sa façon; et puis il y'avait "lui". Il était plus effrayant que le "monstre" de sous mon lit, plus monstrueux que la "bête" de dans mon placard et plus abominable que le "monstre" des toilettes! C'était le "Cerbère"! Il avait les yeux gros comme des ballons sauteurs, des dents aiguisés et longues comme des sabres ninja et il faisait un bruit pareil à celui d'un dragon: c'était le chien du bout de la rue! On ne pouvait pas y échapper, on devait passer devant, c'était le seul chemin pour aller faire les courses. Chaque fois que je passais devant je changeais de trottoir. Bien sûr je n'avais pas peur, du moins je le faisais croire car tout au fond de moi passer par ce chemin c'était comme emprunter le "chemin des damnés". Je ne le regardais pas et bouchais mes oreilles. Il y'avait un grillage mais tellement ridicule à côté du colosse qu'il ne suffisait pas à calmer ma détresse. Et mon plus grand cauchemar devint réalité. Comme à son habitude ma mère m'a demandé d'aller lui acheter un paquet de cigarette. Elle avait bien sûr essayé d'arrêter au moins 59 fois en une année seulement. Mais elle devait flipper de chopper des caries et préférait fumer que de se mettre aux bonbons. Je marchai tout content sur mon petit trottoir quand, une boule au ventre, je m'arrêtai soudain. L'antre de ce monstre n'était pas fermé. Que devais-je faire, il fallait bien passer. Je baissai la tête et, plein de courage et de hardiesse, marchai droit devant moi et passai la maison. Ce fut un soulagement mais de courte durée quand j'entendis derrière le Cerbère affamé. Ne pouvant reculer je me mis à hurler et de toutes mes forces je me mis à courir. (heureusement pour moi j'avais mis mais baskets, celles avec les scratchs jaune qui courent vite!). Le Cerbère enragé engagea la poursuite avec un aboiement à faire trembler Paris. Ce fut un court moment mais parut sur l'instant comme une éternité! Puis le Cerbère s'arrêta, appelé par son maître. Hadès, étrangement, m'avait sauvé la vie.
C'est marrant car ce chien avec mes yeux d'adulte n'avait en fait rien d'un Cerbère. C'était un magnifique Berger Allemand qui avait seulement de la voix. A cet âge là on naïf, peureux... Comme tout est différent dans les yeux d'un enfant...

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